Dans le secteur de l’assurance, comme dans chaque secteur en mutation rapide, la transformation n’est plus un projet stratégique ponctuel — c’est une construction continue. L’innovation s’accélère, les attentes des clients augmentent, les réglementations évoluent constamment. La transformation ne se prépare pas une fois pour toutes : elle doit s’inscrire durablement dans la capacité d’adaptation continue des assureurs.
La plupart des assureurs disposent déjà des bons piliers : cadres Agile, équipes internes solides, partenaires expérimentés pour compléter les capacités, outils modernes. Et pourtant, les programmes de transformation échouent encore trop souvent : perte de vitesse, blocages, complexité paralysante.
Pourquoi ? Parce que la réussite ne repose pas sur la technologie ni sur les process, mais sur l’alignement entre la stratégie, les personnes et l’exécution, avant le lancement officiel.
Tout commence par des fondations partagées et solides.
L’illusion du progrès
Trop souvent, les programmes de transformation ressemblent à des dispositifs bien huilés : discours maîtrisé, processus fluides, plans bien présentés. Mais derrière cette apparente fluidité, les points de blocage demeurent :
Résultat : les équipes exécutent, mais sans cap partagé. Les directions métiers se démobilisent, perdent confiance, et se détachent — alors que leur engagement actif est précisément ce qui manque pour avancer.
Ce qui permet réellement de livrer
Pour sortir de ces transformations “à vide”, les assureurs doivent opérer quatre virages essentiels :
1. Un sponsoring métier qui conduit vraiment la trajectoire
La transformation exige un leadership assumé, pas seulement une validation de principe. Concrètement :
Sans cela, les programmes dérivent. Et aucun intégrateur, aussi compétent soit-il, ne peut compenser un métier désengagé.
2. Un alignement des plans à l’échelle de l’organisation
Le manque d’alignement entre priorités métiers et modes de delivery IT est une source majeure de friction. Pour y remédier :
Ce temps investi au départ se transforme ensuite en vitesse et qualité durable.
3. Une culture de transparence et de responsabilité partagée
Les programmes échouent rarement faute intentions — mais faute de responsabilité partagée, de comportements défensifs, et de processus d’escalade flous.
Quelques principes essentiels :
Ce changement de mindset est exigeant — mais il structure davantage l’organisation que n’importe quel nouvel outil.
Et pour que cela fonctionne, tous les acteurs doivent jouer collectif : IT, métiers, éditeurs, consultants, intégrateurs. Les contrats doivent encourager cette logique “one team” : partage des risques, de la valeur et de la coopération plutôt que la confrontation.
4. Des fondations solides avant la recherche de vitesse
Aller vite trop tôt est l’erreur classique. Cela conduit à des dispositifs fragiles, à l’épuisement des équipes, à des livrables instables.
Les intégrateurs savent démarrer vite — c’est leur métier.
Mais la vraie question est ailleurs : vos équipes internes peuvent-elles suivre ce rythme ?
Avant d’accélérer :
Mieux vaut avancer lentement au début pour accélérer durablement ensuite.
Rien de nouveau — mais trop souvent négligé
Soyons honnêtes : rien de ce qui précède n’est révolutionnaire. Ce sont des bonnes pratiques connues, citées, validées. Vous les avez entendues cent fois. Nous les avons dites cent fois.
Mais elles sont trop souvent considérées comme du “confort”, pas comme des prérequis. On veut démarrer vite — et on construit un dispositif trop fragile pour la complexité réelle.
Nous avons vu des programmes suspendus après plusieurs mois… pour tout remettre à plat. Mieux vaut consolider les fondations une fois, puis capitaliser.
Revenir aux fondations
Chaque dirigeant d’assurance devrait se poser ces trois questions :
La transformation, ce n’est pas une posture : c’est une responsabilité collective, vécue au quotidien — du Comex jusqu’au terrain.
Il est temps de transformer nos intentions en résultats.
Irina Ovcinicov - Lead Consultant